Ahimsa – La bienveillance
Afin d’approfondir notre compréhension de ce premier et important yama, nous avons demandé à nos membres de nous faire parvenir leur vision et leur façon de le comprendre.
Nous avons sélectionné des textes (en tout ou en partie) de quelques personnes ayant participé à ce premier exercice.
Deblois, Julie :
Je répète encore et encore à mes élèves qu’elles doivent prendre soin d’elles sur leur tapis, qu’elles doivent voir cet espace comme un espace sécuritaire où il n’y a de la place que pour l’amour.
Le yoga que je pratique est totalement ancré dans l’enseignement de Ahimsa. Avoir de l’ouverture, de la compassion pour qui on est ici et maintenant, dans notre corps, dans nos sentiments. Sans juger ou tenter d’altérer, juste en être présent avec amour.
Je suis persuadée que si Ahimsa entre dans l’ADN des gens, le monde ne s’en portera que mieux… Et que si pour certaines personnes cette heure sur le tapis est la seule heure dans la semaine où la pensée sera un peu tournée vers cet objet qu’est la bienveillance, eh bien ce ne sera pas un luxe, mais un cadeau inestimable qui portera fruit un jour ou l’autre.
Quand j’ai lu vos pensées concernant ce Sutra, j’ai été frappée par les nuances que chacun y apportait et des angles d’approches que vous avez empruntés. C’est fort la force de précision et d’approfondissement d’une communauté qui réfléchit à la même chose et qui le partage. Ce n’est pas simplement fort, c’est beau. Touchant même.
Cantin, Marie :
Ahimsâ…Bonté :
Bonté rime avec tendresse et bienveillance envers soi-même…
Oui, la bonté est une discipline relationnelle, mais comment pourrions-nous être bon avec ceux qui nous entourent de près ou de loin, si nous ne le sommes pas avec nous-même ?
La bonté passe par la réconciliation avec qui l’on est, avec notre vécu et par la suite, la bienveillance s’installe en nous, pour nous et pour ceux qui nous entourent…
Bonté… réconciliation est son fruit qui nous permet d’exprimer la bonté autour de nous…
Delisle, Suzanne :
Pour moi, la paix du mental qu’apporte Ahimsa arrive par la porte de la méditation pleine conscience. Cette façon de méditer apporte l’attention sur le moment présent, sur le corps et le souffle et offre ainsi en cadeau une paix intérieure favorable à l’apaisement en favorisant l’intégration de la non-violence à l’intérieur de soi. Combiné à la pratique des asanas qui développe des attitudes de non-jugement, de bien-être et de respect de soi ainsi que du lâcher-prise, ça fait de l’espace à l’intérieur de soi pour la compassion, la joie, la gratitude, l’espoir, la fierté, l’amour et la bienveillance envers soi et les autres.
Fiset, Ginette :
Ahimsā pratico-pratique – Aujourd’hui, à l’ère des multimédias, les principes altruistes ont perdu la cote au prix de l’égocentrisme, de l’agressivité et de l’horreur. Pourtant, n’est-ce pas la bienveillance qui maintient une société en santé ? La charité, la justice, le savoir-vivre font également partie de la grande famille de la non-violence. La relation et l’unité visées par le yoga ne peuvent s’opérer qu’en nous rapprochant de la compassion.
Pas besoin de grands exploits ou d’être le Dalaï-lama pour pratiquer la bonté. Ne serait-ce que de laisser passer une personne à l’intersection d’une porte de magasin au lieu de lui rentrer dedans ? D’offrir de rapporter le panier d’épicerie de la personne le rapportant, dans le stationnement du supermarché ! Faire un sourire amical ! Saluer ! Écouter l’autre ! Autrement dit : être en contact généreux avec votre entourage.
La non-violence commence également par faire le tri des lectures, émissions télévisuelles, activités et personnes fréquentées. Votre esprit enregistre la nourriture intellectuelle et émotive que vous lui donnez. Comme un ordinateur, il ressasse le contenu et répond par ce même contenu. Alors… qu’offrez-vous à vos pensées ? De la bienveillance ou de la critique ? De l’amour ou de la colère ? De la joie ou du rejet ? Observez le type d’émotions vibrant en vous et vous dévoilerez les pensées entretenues.
Engagez-vous à placer la bonté dans votre vie, dans vos relations. Cultivez des pensées de bienveillance. Vous vivrez dans un monde meilleur, intérieur et extérieur.
Je termine en proposant quelques propos du professeur Désikachar et de Ghandi :
« Dans les relations avec les autres, nous ne pouvons rien cacher ni prétendre. C’est dans la réalité de la vie de tous les jours que nous voyons si le respect, le partage, l’authenticité, l’intérêt, la compassion sont simplement des idéaux auxquels nous pensons et dont nous parlons, ou s’ils sont l’expression véritable de notre état de conscience.
Nos sentiments et la compassion que nous montrons, la manière dont nous communiquons, notre respect et notre amour pour les autres et le vrai désir de partager donnent énormément de vitalité pour agir et échanger avec ceux que nous rencontrons dans la vie » T.K.V.Désikachar
« Œil pour œil, dent pour dent, finira par rendre le monde aveugle ». Ghandi
Goyette, Josée :
Je ne croyais pas vraiment participer au partage et concours sur Ahimsa. Puis, par hasard, j’ouvre un livre après vingt ans d’immobilité dans ma bibliothèque (Le pouvoir du moment présent) et voilà que je découvre une prière cachée entre les pages.
Après une lecture, je fais tout de suite le lien avec votre invitation. Personnellement, je trouve qu’elle reflète bien la première et grande discipline de l’Astanga yoga: Ahimsa – La non-violence (ou non à la violence).
N.B. Je vous l’écris tel qu’il était sur ce bout de papier écrit à la machine et sans auteur.
Seigneur
Dans le silence de ce jour naissant
Je viens Te demander la paix, la sagesse, la force
Je veux aujourd’hui regarder le monde
Avec des yeux tout remplis d’amour
Voir tes enfants
Comme Tu les vois toi-même
Et ainsi, ne voir que le bien à l’intérieur d’eux.
Garde ma langue de toute malveillance
Ferme mes oreilles à toute calomnie
Que seules les pensées qui bénissent demeurent en mon esprit.
Fais que je sois si bienveillante
Et si joyeuse
Que tous ceux qui m’approchent sentent Ta présence.
Revêts-moi de Ta bonté Seigneur
Et que tout au long de ce jour, je Te révèle.
Cette prière à inspiré Julie à en faire une version qui cadrait mieux avec ses propres croyances :
Dans le silence de ce jour naissant
Je demande la paix, la sagesse, la force
Je veux aujourd’hui regarder le monde
Avec des yeux tout remplis d’amour
Voir le bien à l’intérieur des gens que je croiserai
Garder ma langue de toute malveillance
Fermer mes oreilles à toute calomnie
Que seules des pensées de reconnaissance demeurent en mon esprit
Que je sois bienveillante et joyeuse
Poirier, Diane :
La pratique d’une attitude de non-violence ou de bienveillance (YS-II-35) fait partie des yamas (YS-II-30), soit des observances recommandées à l’égard d’autrui.
L’être humain est comme une antenne qui émet et capte des ondes électromagnétiques et autres. Chacun est entouré d’un champ d’ondes. En se rencontrant, les champs d’ondes entrent en interférence. Si le champ d’ondes d’un individu est saturé d’ondes cohérentes de compassion et de bienveillance, le champ d’interférence en sera influencé. La méditation tibétaine par exemple, propose d’émettre, à partir du cœur, de la compassion. Il n’est pas requis que cela s’adresse à telle ou telle personne spécifiquement. Juste configurer notre antenne émettrice sur cette qualité d’ondes. On peut penser qu’elles se situent en zone d’amplitude calme et sous gouverne du système nerveux parasympathique. Alors, la bienveillance arrose aussi l’arroseur et lui fait aussi du bien. Cependant peut-être plus facile à dire qu’à faire et surtout à maintenir…
Comment conclure tout ça ?
En somme, le principe de non-violence part de soi afin de pouvoir irradier jusqu’aux autres et que pour la communauté du CTY, la pratique d’une des branches du yoga sinon de toutes les branches est un moyen certain pour en être sur la « voie ».
La compassion et la bienveillance envers nous-mêmes impliquent aussi de savoir que nous ne sommes pas parfaits et que bien que ce soit le yama le plus important, il est aussi le plus difficile à appliquer en tout temps
Nous tenons à remercier chaleureusement tous les participants qui nous permettent de continuer d’élargir notre compréhension de cette importante valeur yogique.
NAMASTÉ!
Vous trouverez ici un tableau compilé par Diane Poirier de 12 traductions du Sutra 2,35 : https://cty.yoga/wp-content/uploads/2021/04/YS-II-35.pdf