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Le vrai visage du yoga

Par 24 août 2025Blogue

Le vrai visage du yoga

Clarifier le mental, ouvrir le coeur


Texte original (Rosalind Atkinson)

Note : Voir la traduction en français à la fin du texte. 

How do we measure a person’s yoga practice? What does ‘being good at yoga’ even mean ?

What if it’s not how long they hold a handstand…

Or how deep their forward bend is…

Or if they can balance on one arm…

Or if they can power through 108 sun salutations without breaking a sweat…

Or how tight their ‘yoga body’ is…

Or if they can sit on their bum doing nothing for hours at a time…

Or if they can see pretty blue flashing lights above their crown….

Not even if they can manufacture bliss-states from time to time.

What if a person’s yoga practice was measured in how good a listener they become…

In a lessening of reactivity to other people’s bullshit…

In their ability to see the best in others and love it… even the most annoying people…

In their kindness…

In their capacity for sincerity…

In their naturally reduced need for stimulating pleasures that were adopted to compensate for the eclipsed pleasures of breath and being…

In their ability to say things clearly without fear of what people will think…

In their perspective on the world.

If this stuff isn’t developing naturally — not as a fake performance — then it could be that our yoga isn’t actually yoga. Awkward.

Real yoga is about clarity of mind and perception, by linking the dissociative and solipsistic brain back up with the whole body, which is already nature, the power of life.

And it does matter, not just as pedantry, because we urgently need more love and less reactivity, and more clarity and less consumerism.

~Rosalind Atkinson


Quand la pratique devient transformation

Ces mots résonnent profondément avec l’esprit du Yoga-Sutra. Patanjali n’associe pas le yoga à la performance physique. Pour lui, le yoga est avant tout une voie qui vise à clarifier le mental et affiner la perception.

Parmi les moyens qu’il propose, il y a le kriya yoga, une discipline intérieure qui s’appuie sur trois piliers :

  • tapas — l’effort soutenu, la régularité dans la pratique ;
  • svādhyāya — la connaissance de soi, nourrie notamment par l’étude et la réflexion sur notre sādhanā ;
  • īśvarapraṇidhāna — le lâcher-prise, la confiance, etc.

En tant qu’enseignant·e, nous avons la chance de voir de nos yeux ce que ce texte décrit : des personnes qui, séance après séance, s’adoucissent. Elles ne deviennent pas forcément capables de faire un équilibre sur la tête ou de plier leur corps dans des postures spectaculaires. Mais elles deviennent plus attentives, plus joyeuses, plus sincères, moins réactives. Leur sourire change, leur regard s’ouvre, leur respiration devient une alliée.

Ces transformations sont subtiles, souvent silencieuses, mais elles sont immenses. Elles incarnent ce que Rosalind appelle le « vrai yoga » : une clarté de l’esprit et une capacité d’aimer qui rejaillissent sur le monde.

Une nécessité pour aujourd’hui

Dans le contexte actuel, marqué par tant de tensions, de consommation effrénée et de réactivité, il est précieux de cultiver ces qualités. Chaque pratiquant·e qui devient plus ancré·e, plus aimant·e, plus en paix avec soi et avec les autres, contribue à rééquilibrer notre monde.

Nous avons besoin de ce « beau monde » qui émerge sur les tapis de yoga. Car ce n’est pas seulement une pratique individuelle : c’est un acte collectif de transformation, une réponse humble mais puissante à l’époque que nous vivons.

Une invitation pour l’automne

Alors que débute la session d’automne, souvenons-nous que notre rôle de professeur·e n’est pas de former des corps parfaits, mais d’accompagner des êtres vers plus de clarté, de joie et de paix intérieure.

En enseignant, nous offrons bien plus que des postures : nous aidons à cultiver cette transformation silencieuse qui change peu à peu le monde.

À l’aube de cette nouvelle session, que notre enseignement soit un souffle partagé, contribuant à ce grand mouvement de transformation dont notre société a tant besoin.

Ce texte nous rappelle enfin que notre mission est collective : transmettre un yoga qui allège, qui apaise et qui inspire, une nécessité plus que jamais en cette rentrée.


À propos de Rosalind Atkinson : Autrice et militante du vivant, elle est directrice de la Heart of Yoga Foundation et fondatrice de Silver Snake Press, maison d’édition indépendante. Son engagement : rendre le yoga accessible comme force de transformation intérieure et collective.


Version française du texte :

Comment mesurer la pratique du yoga d’une personne ? Que signifie réellement “être bon en yoga” ?
Et si ce n’était pas la durée pendant laquelle elle tient un équilibre sur les mains…
Ou la profondeur de sa flexion avant…
Ou sa capacité à tenir en équilibre sur un bras…
Ou à enchaîner 108 salutations au soleil sans transpirer…
Ou la fermeté de son « corps de yoga »…
Ou sa capacité à rester assise sans rien faire pendant des heures…
Ou à voir de jolies lumières bleues clignoter au-dessus de sa tête…
Ni même sa faculté à produire des états de béatitude de temps à autre.

Et si la pratique du yoga d’une personne se mesurait plutôt à sa qualité d’écoute…
À une diminution de sa réactivité face aux absurdités des autres…
À sa capacité à voir le meilleur chez autrui et à l’aimer… même chez les personnes les plus agaçantes…
À sa gentillesse…
À sa capacité de sincérité…
À la réduction naturelle de son besoin de plaisirs stimulants adoptés pour compenser les joies éclipsées du souffle et de l’être…
À sa faculté à dire les choses clairement sans craindre ce que les autres vont penser…
À sa vision du monde.

Si tout cela ne se développe pas naturellement — et non comme une mise en scène artificielle — alors il se pourrait bien que notre yoga ne soit pas vraiment du yoga. Gênant.

Le vrai yoga, c’est la clarté d’esprit et de perception, en reconnectant le cerveau dissocié et autocentré avec l’ensemble du corps, qui est déjà la nature, la puissance de la vie.

Et oui, cela compte — non pas comme une question de pédanterie — mais parce que nous avons un besoin urgent de plus d’amour et de moins de réactivité, de plus de clarté et de moins de consumérisme.